Etape 8 : Cabane d' Ardané - Cabane d' Ansabère

Date:  Vendredi 24 Juillet 2015 - Distance:  25,5km - Denivelés: + 1400m / - 1140m

Fichier GPX: 08 ardane ansabere

Ce matin mon tendon d'achille va apparemment beaucoup mieux, c'est bien dégonflé et moins douloureux. Mais j'ai quand même un peu mal en marchant alors je démarre doucement dans la sente assez raide, sans trop solliciter la machine, pas de grandes foulées et pas face à la pente mais en travers. Aujourd'hui c'est la journée cruciale, au bout c'est l'abandon ou le billet d'entrée pour les Pyrénées centrales.

Cas me double peu avant le premier col en me souhaitant une bonne journée, il va bien plus vite et à ce moment je ne sais pas si je le reverrais. Le berger d'Ardané est au dessus sur les crêtes, son rythme est digne des meilleurs trailers. J'ai l'impression d'être une vieille deudeuche à l'agonie parmi des protos de Le Mans.

Beaucoup de vent aujourd'hui. Arrivé à l'ancien refuge de Belagua le temps s'améliore et il commence à faire chaud. Je me dirige ensuite vers la réserve intégrale d'Ukerdi située à l'Ouest du Pic d'Anie, dans le superbe massif karstique de Larra-Belagua. Ce dernier territoire basque, écarté de la HRP constitue la limite entre Navarre et Aragon. On y entre par une gorge étroite et après c'est un tout autre monde. Des gros hêtres sûrement très anciens, des blocs parsemés, on pourrait presque s'attendre à rencontrer des elfes dans cet éden, de plus la fraîcheur est agréable. Par contre je suis assez rassuré d'avoir mon GPS allumé ici car c'est un vrai dédale. Peu de randonneur s'aventurent ici, je n'en rencontrerait que deux jusqu'au col de Petragème.

En lisière tandis que je fais une pause et reprends des forces, Mon ami Cas arrive dans mon dos et me donne un coup de frayeur, j'étais tellement transporté ailleurs que je ne l'ai pas vu arrivé. Il est affolé car il s'est perdu il recherche le chemin du col d'Anaye. Je fais le point avec lui, il ne se sent pas sûr de lui pour retrouver le chemin, car dans ce relief complexe et boisé il est difficile de s'orienter, pour ne rien arranger le balisage local est pas très clair, d'ailleurs c'est pour cette raison qu'il s'est retrouver sur mon sentier. Il voudrais bien me suivre pour aller à Ansabère mais il doit ravitailler à Lescun. Il décide de se joindre à moi car je lui dit qu'on peux partager et de plus d'arriver à Ansabère par Petragème lui fait gagner un jour de marche.

Entre Belagua et Petragème.

 On sort de cette belle forêt et progressons désormais dans un superbe labyrinthe de calcaire, la flore est nombreuse et variée un régal ici aussi. Plus haut sur le plateau vers la Hoya de Solana nous ne disons plus rien, il n'y a plus rien à dire, la couleur des rochers et des différents verts, les pins noirs clairsemés et le jeu de lumière créé par les nuages, nous sommes deux petits pigments d'un immense tableau.

Tableau pictural.

Vue sur les Trois rois depuis la Hoya de Solana.

 Petit passage délicat de désescalade pour rejoindre l'axe du vallon qui mène au col, je choisi le chemin le plus facile car Cas n'est pas habitué à ce genre de gymnastique.

Au col on aperçois plus bas la mer de nuage coté français, Ansabère doit être dans la brume et nous devons nous résoudre à quitter le soleil pour rentrer dans cette nappe. Nous descendons la sente raide et pierreuse doucement Cas n'est pas très à l'aise avec la pente. Cela nous permet de bien profiter des superbes aiguilles d'Ansabère, nous passons à leur pieds.

Aiguilles d'Ansabère depuis col de Petragème.

Aiguilles d'Ansabère.

 Arrivés au lieu de bivouac, nous trouvons la source et déposons nos sacs pour aller saluer le berger à la cabane située à quelques centaines de mètres. Un patou des Pyrénées surveille le troupeau. Le berger est un peu comme son chien, rude de premier abord avec des inconnus, mais ce n'est qu'une carapace, il y a sûrement un cœur d'or derrière. Il nous indique qu'un abri juste à coté de la cabane peut être utilisé pour dormir. Mais où sont vos sacs? nous dit t-il. lorsque on lui explique il nous affirme que nous n'arriverons pas à les retrouver avec ce brouillard très épais, même avec le GPS. Un peu espiègle ce monsieur. Après avoir récupérer et déposer nos sacs à la cabane nous retournons lui acheter un peu de son fromage, il a l'air un peu contrarié.

 Il est tard, nous mangeons et discutons dans cette cabane peu confortable, mais qu'importe, je suis heureux car ma tendinite à disparue et aujourd'hui nous avons parcouru plus de 25 kilomètres en terrain difficile. J'ai mon billet d'entrée pour les Pyrénées centrales on dirait bien, d'ailleurs demain nous entrons dans le Parc National des Pyrénées Occidentales.

Patou à Ansabère.