Etape 23 : Ibón de les Alforches - Val d'Estos route de Benasque

Date:  Lundi 10 Août 2015 - Distance:  11,4km - Denivelés: + 320m / - 1450m  ( dernière étape 2015 ).

Fichier GPX: 23 alforches val estos

TOTAL HRP 2015: - Distance:  406,7 km - Denivelés: + 24 510 m / - 23 070 m

Fichier GPX: hrp2015

Après une nuit blanche à soutenir la tente et subir des rafales violentes, à 6h00 je décide de partir. Le vent qui avait une direction vers l'aval traversait le lac de les Alforches et formait des petites vagues en ma direction, elles s’arrêtaient à seulement un mètre de mon abri. J'ai crains toute la nuit d’être inondé et avais mis mes pantalon et veste goretex au cas où.

Pic Posets depuis le lac de les Alforches.

6h30 mon camp est levé et le ventre vide je quitte sans regret le bivouac en espérant que dans la pente je serais moins exposé au vent et pourrais m’arrêter pour grignoter un bout. Pour ma dernière étape je me dirige vers le col de La Plana, en empruntant le GR11.2 ( circuito de los 3 refugios), je pourrais ainsi redescendre dans le vallon d'Estós par le secteur Batisielles. Ce matin c'est venté, mais pas un seul nuage, le temps est magnifique. Le panorama sur le Posets est magistral.

Pic Posets et Ibón de La Plana depuis collado de La Plana.

Au col je découvre le haut du vallon de Batisielles que je connais en partie. Il y à plusieurs années suite à la lecture d'un ouvrage de Sir Russell, j'étais venu dans le secteur d'Escarpinosa, il affirmait que s'il existe un éden sur terre, c'est par ici qu'il fallait le chercher. Ce vallon est même au delà de ces écrits, et je suis super heureux de terminer mon périple 2015 et traverser un bout de paradis pyrénéen. La vue au petit matin, sur les laquettes supérieures de Batisielles, avec non loin de là, les fières aiguilles de Perramó qui se dressent est inoubliable. Je croise un trail runner au moment où je décide de ma pause petit déjeuner, au niveau d'un collet qui permet de rejoindre le secteur Escarpinosa.

Vallon de Batisielles depuis collado de La Plana.

Sur le GR11.2 , vallon et laquets Sup. de Batisielles.

Ma déambulation au paradis avec vues sur les massifs du Perdiguero et de La Maladeta m’amène à l'ibón de l'Aigüeta de Batisielles, puis à l'Ibón grande du même nom. Je sais que chaque pas de plus me mènera au fond du vallon d'Estós non loin de Benasque, et m'écartera de cette haute montagne que j'affectionne tant. J'ai toujours trouvé plus ou moins difficile de quitter ces contrées d'altitude. Et aujourd'hui mon sentiment heureux d'avoir accompli cette première moitié de traversée est marqué aussi par le blues de me séparer de mes Pyrénées. Nous, pauvres montagnards, simples humains, nous ne pouvons que rêver de hauteurs et de cimes, les côtoyer, les laisser et à nouveau rêver d'y retourner. C'est notre lot, notre chemin. Avec du recul et avec les années d'expérience, on trouve ce chemin de plus en plus beau, de plus en plus noble. Nous ne sommes pas du tout à plaindre, c'est une évidence. A trop caresser la beauté, on finirai presque par s'y perdre, s'y habituer et être en manque.

Vallon de Batisielles, ibón de l'Aigüeta de Batisielles, massif de Perdiguero.

Aiguilles de Perramó.

Vue sur massif de La Maladeta depuis Batisielles.

Ibón grande de Batisielles et Aiguilles de Perramó.

Ibón grande de Batisielles et Pic Batisielles Sud.

Je commence à croiser quelques randonneurs en perdant de l'altitude, et lorsque je rejoins l'axe central du vallon d'Estós, sur la piste caillouteuse c'est le choc. Beaucoup de monde, une foule bigarrée, il n'y a plus d'attention à l'autre, plus de bonjour, une montagne citadine en fait. Sur cet axe fréquenté je croiserai une touriste au pantalon léopard, un gars aux lunettes flashy style discothèque et un autre qui parle au talkie-walkie avec des copains situés à quelques centaines de mètres.

Arrivé au parking et fin de l'étape, je continue sur la route afin de rejoindre la route principale menant à Benasque. J'ai de l'avance, mon père accompagné de ma sœur me retrouve et nous allons en terrasse d'un bar de Benasque arroser la fin de mon périple pour cette année.Je suis ravi d’être là, content de les retrouver et un peu triste que ça s’arrête. Je continuerais bien demain matin en direction du Perdiguero puis de l'Aneto, mais la suite sera au prochain épisode.

J'ai beaucoup de chance de pouvoir vivre ces moments, je m'en rends bien compte.Là haut, j'ai un peu souffert parfois, mais j'ai surtout été comblé de bonheur. Là haut, j'ai vécu de belles choses. D'Hendaye à Benasque, mes chaussures ont parcouru les lignes et les chemins basques ou aragonais, pour me raconter comme il est doux de respirer dans ces belles montagnes que sont les Pyrénées.