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Dans les bras de pyrène

Etape 2 : Col de Lizuniaga - Borda de Maistuzar

Date:  Samedi 18 Juillet 2015 - Distance:  21,5km - Denivelés: + 885m / - 350m

Fichier GPX:   02 lizuniaga maistuzar

Il est 19h30, je suis installé dans ma tente sur un replat devant la grange (Borda) de Maistuzar, c'est l'heure de vérité pour mon abri super léger, gros gros orage, beaucoup d'eau et d'éclairs. Il faut dire que la journée à été lourde, il a fait encore très chaud et j'ai bu 5 litres d'eau en marchant aujourd'hui. Deuxième étape exigeante après celle d'hier.

Après une mauvaise nuit à l’hôtel du col, pourtant confortable, il m'a été difficile ce matin de poser mes pieds douloureux par terre.

Je suis parti ce matin sous l'orage de la nuit qui n'était pas terminé. Le patron de l’hôtel avait l'air inquiet pour moi et me conseillait de rester. J'ai déployé mon parapluie, et vu la couleur du ciel j'étais bien content qu'il ne contienne pas de métal. Tandis que les bobos s'estompaient au fil des pas, je repensais à José, mon ami qui a déjà réalisé la traversée. Il m'avait conseillé l'achat d'un parapluie, comme il a raison, c'est super agréable et très efficace en première protection, avec gore-tex entrouvert dessous, impeccable. Après avoir à peu près tout testé je suis sûr maintenant que c'est la combo parfaite. On se sent comme dans une bulle micro-climatique sous un bouclier. L'avantage par rapport à une capuche est que l'on peux diriger la protection, ça parait idiot, mais c'est essentiel, avec gore-tex c'est une affaire de minutes pour se retrouver trempé. De plus la respirabilité du gore-tex est fortement diminué lorsque celui ci est noyé sous une pellicule d'eau permanente. Le deuxième gros avantage sous un parapluie est que l'on peux laisser respirer notre corps qui produit de la transpiration. Je ne parle même pas des ponchos, de véritables saunas, et on se retrouve façon drapeau sur les crêtes ventées.

 Agréable début d'étape qui chemine en ondulant. Sur la piste j'observe beaucoup de palombières dont une en pierre. La pluie cesse enfin lorsque je traverse une ferme avec plusieurs corps de bâtiment, les chiens me laissent passer mais il s'en ai fallu de peu, mes bâtons les ont peut être tenus en respect.

 

20150718_092114

Palombière en pierre.

 Dans le raidillon d'une crête rocheuse où la piste est très creusée, il n'y a pas un souffle d'air, le soleil est de nouveau de plomb, t-shirt imbibé sur la nuque et casquette, je me protège, pas envie de trinquer plus tard.

 Le GPS m'est bien utile sur une zone de grandes fougères assez paumatoire.

 Me voilà arrivé sur le lieu prévu, pas de source en vue. J'avais établi ce point de bivouac afin de me ravitailler en eau. Je prospecte tout le secteur, c'est bien trop sec. Alors je décide de me diriger vers Elizondo sur le GR11 afin de croiser un point d'eau. J’aperçois une grange en contrebas, je me dis qu'elle n'est pas là par hasard, et qu'il y à sûrement de l'eau pas très loin. bien joué!, il y a effectivement une bonne source.

Après une pause repas en compagnie de poneys pottok, ma lessive du jour et un peu de repos, voyant le ciel je prépare mon bivouac et sors ma tente. Alors que je monte mon abri un couple d'allemands vus la veille passent et me disent qu'ils descendent sur Elizondo.

Bon la tente tient bon sous l'énorme orage, le vent est fort, le sol tremble, le petit filet d'eau de la source à côté s'est transformé en rivière, ah tu voulais faire corps avec les éléments, ben tient!!

Punaise! éclair et tonnerre tout prés, la rage du ciel est pile au dessus de moi, et ma tente semble flotter sur une nappe d'eau.

L'orage est terminé, à peine 2 ou 3 gouttes dans ma tente, Yes! vu la force de cet orage j'ai crains le pire. Le top pour 700 grammes, test validé! Une brise fraîche souffle maintenant c'est un vrai bonheur après ces deux jours étouffants. Suis-je en train de me Cherbour-iser ? mince faut que je veille au grain moi. Ces journées chaudes comme celles-là, où l'on épuise vite notre énergie, je les encaissais plus facilement dans ma jeunesse. Demain en principe la météo s'améliore, pas étonnant après la purge de ce soir.

En marchant ce matin, sous mon parapluie je gambergeais, j'avais mal partout, à la tête de trop de soleil, aux épaules à cause de contractures, j'avais aussi très mal aux talons, avec l'impression que les os des talons étaient deux aiguilles qui voulaient transpercer les chairs, les jambes lourdes et douloureuses, et pour couronner le tout un mal au ventre carabiné. J'ai de suite pensé à ma femme courageuse dans la maladie, qui elle vit cela presque tout les jours. Je me disais au moins moi je sais pourquoi j'ai mal, et surtout j'ai en guise de contrepartie l'aventure et les paysages, elle non, elle souffre enfermée. Je mesure mieux dans ces moments là (parce que la nature humaine fait que l'on oublie, ou que l'on ne peux tout comprendre) ce que cela représente, le plus dur doit être de ne pas savoir ce que va être demain. Au loto génétique de la vie, l'injustice rôde et choisi au hasard ses cibles, SED, trois petites lettres insignifiantes, mais tellement lourdes de sens.

Alors que je m'installe pour ma nuit, l'orage revient, lui ai-je dit que je ne voulais pas de lui? Je regarde la photo plastifiée que ma fille m'a donner avant de partir, elle tient des ballons d’hélium à bout de bras, je souris, je me sens bien, elle me donne de la force cette photo, qui sait, peut être que je vais survoler les montagnes et que mon périple sera plus léger.

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